Publié par : bcarteron | 29 novembre 2017

Au nakamal de N. (21)

Ce serait une erreur de croire que l’ambiance du nakamal est constamment sympathique et sans embuches. La violence peut s’y introduire. Ce même dimanche, dans l’après-midi, un groupe de jeunes poursuit une fête d’anniversaire commencée la veille ailleurs en s’installant sous un faré. Le groupe suscite l’inquiétude car ils se baladent avec de la bière et sont déjà saouls. La tenancière tente de les disperser, un habitué s’y met également, mais rien n’y fait. Deux garçons de cette bande du quartier kanak au fond de la vallée reviennent aux alentours du comptoir et provoquent les clients. Ils focalisent l’attention et amènent une sourde inquiétude. Des hommes et des femmes parmi les habitués tentent de les raisonner tour à tour, dont l’oncle maternel d’un de ces jeunes dont on espère que son statut suffira à rappeler au jeune son obligation de respect. Ils finiront par partir sans que la situation ne se dégrade davantage. Mais leur présence a été l’occasion de redire la norme du comportement vis-à-vis de l’alcool. L’image du nakamal en dépend. La bière est acceptée si sa consommation demeure discrète et, surtout, il ne s’agit pas de venir au nakamal pour boire de la bière. La limite entre ce qui est permis et ne l’est pas est difficile à saisir en réalité. Elle dépend de l’interprétation qu’en donnent les habitués légitimes du nakamal.

Il en va de même pour le cannabis. Il est toléré car des clients en fument, tant que sa consommation demeure discrète. Pour autant Paul, le gérant est consterné par les habitudes de consommation de quelques personnes au nakamal, lesquelles perdent petit à petit le contact avec le monde extérieur en abandonnant études ou travail et en se complaisant dans une situation médiocre mais suffisante avec l’entraide familiale. Le cannabis fait des ravages pour lui en parlant d’une mère de famille qui fume, reste tardivement dans la nuit au nakamal, ne peut plus être structurante pour ses enfants car elle-même ne se donne plus de barrières.


Laisser un commentaire

Catégories